01-02-2024
Les télomères des jeunes chouettes chevêches : un nouvel outil pour expliquer les effets à long-terme de l’environnement sur un animal emblématique alsacien

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Comment expliquer les dynamiques de populations des espèces animales qui peuplent nos écosystèmes anthropisés ?
Les variations du nombre d’adultes reproducteurs et de jeunes à l’envol sont-elles principalement dues aux conditions environnementales subies annuellement, ou y a-t-il également des raisons intrinsèques, physiologiques, peut-être transmises entre générations, et qui peuvent avoir des effets à long-termes sur le devenir des individus ?

Pour répondre à ces questionnements, une équipe de recherche locale de l’IPHC s’est associée à un réseau de bénévoles de la ligue de protection des oiseaux (LPO) d’Alsace pour mesurer, chez les jeunes chouettes chevêche alsaciennes, une séquence d’ADN qui traduit le taux de vieillissement des individus, les télomères. Cette mesure, effectuée à partir d’un prélèvement non-invasif de quelques plumes ventrales, a été répétée sur plusieurs années, entre 2014 et 2017. En mettant en parallèle les résultats avec d’autres marqueurs de santé ainsi que des indices de qualité de l’environnement immédiat du nid, cette étude montre que, à l’envol :

  • les jeunes femelles présentent des télomères plus longs que les jeunes mâles;
  • les jeunes chouettes ayant une masse corporelle plus importante ont également des télomères plus longs ;
  • le dernier poussins éclos des plus grandes nichées a des télomères bien plus courts ;
  • et enfin, qu’en moyenne, en 2017, les télomères étaient de manière surprenante plus courts que les autres années, alors que les poussins présentaient une masse standard.

L’ensemble de ces données suggèrent que la mesure des télomères permet d’indiquer des variations fines de l’état physiologique des individus au-delà de ce que peut indiquer celle de la masse corporelle plus labile. Elles soulignent également l’existence de certains facteurs environnementaux capables d’affecter l’ADN des chouettes chevêches sans modifier leur masse corporelle à l’envol.

Jeune de Athena noctua, lors d’une session de baguage au nid avec les responsables des programmes personnels de suivis des populations alsaciennes (©François Criscuolo)

Déterminer la nature de ces facteurs, ou si avoir des télomères rabotés diminuent les chances de survie des jeunes chouettes forment les objectifs d’un nouveau programme de thèse qui a débuté en 2023 avec l’arrivée dans l’équipe de Bérénice Ambielle. Notre programme de recherche « Chouette d’être Chevêche » s’inscrit sur le long-terme grâce à une collaboration avec les bénévoles qui effectuent chaque année le suivi des centaines de nichoirs à chevêche à l’échelle de toute la région Alsace. Cette collaboration entre acteurs institutionnel de la science et du tissu associatif ouvre une nouvelle dimension pour une recherche tournée vers plus d’action pour la mise en place d’un environnement plus durable !

Grâce au soutien des donateurs, les équipes de l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) ont pu financer l’extraction d’ADN des plumes, ainsi que les mesures de taille des télomères en laboratoire !

Découvrez la première publication sur les chouettes chevêches alsaciennes et leurs télomères, parue le 8 novembre 2023 dans le Peer Community Journal (François Criscuolo, Inès Fache, Bertrand Scaar, Sandrine Zahn et Josefa Bleu).

  • Université de Strasbourg
  • La préservation de la chouette chevêche d'Alsace

 

 

 

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