24-06-2024
Rencontre avec Alexandra Helleux, lauréate 2023 du prix de thèse de la SBS financé par les donateurs de la Fondation

@ Retour aux Résultats de recherche
Depuis 25 ans, la Société de Biologie de Strasbourg (SBS) attribue des prix de thèse qui récompensent de jeunes docteurs de l’Université de Strasbourg, auteurs de thèses remarquables en biologie.
Ces distinctions participent ainsi à la reconnaissance de l’excellence de la recherche en biologie strasbourgeoise, tout en mettant en lumière leurs récipiendaires en début de carrière scientifique.

Rencontre avec Dr Alexandra Helleux, lauréate 2023 du prix de thèse de la SBS financé par les donateurs de la Fondation de l’Université et des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg pour sa thèse « Analyse multi-omic et fonctionnelle du carcinome rénal à cellules claires et à translocation ».

Quel a été votre parcours avant le doctorat ? Qu’est-ce qui vous a amené à faire une thèse ?

Avant le doctorat, j’ai obtenu en 2018 mon diplôme d’ingénieur ChemBioTech double formation chimie-biotechnologie de l’ECPM (Ecole de Chimie Polymères et Matériaux de Strasbourg) et l’ESBS (Ecole Supérieure de Biotechnologie de Strasbourg).

Les différents stages réalisés au cours de mon parcours ingénieure m’ont convaincu que la biologie est en fait mon domaine de prédilection, et que le « travail de terrain » donc au laboratoire à réaliser des expériences, à comprendre l’origine des événements est quelque chose qui me motive énormément. Je voulais également avoir un travail avec du sens, quelque chose qui puisse un petit peu bénéficier à la société. Après l’obtention du diplôme d’ingénieure, ça m’apparaissait donc logique de chercher une thèse en recherche contre le cancer. J’ai d’abord commencé en tant qu’ingénieure d’étude dans l’équipe avant de commencer ma thèse en octobre 2019.

En quoi consistent vos travaux de recherche ?

Mes travaux de recherches se focalisent sur une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans l’apparition et le développement de différents sous-types de cancer du rein. Ma thèse est notamment divisée en 2 projets principaux.

Le 1er projet se focalise sur l’étude du carcinome rénal à cellules claires, cancer du rein le plus fréquent. Etant le plus fréquent, les mécanismes biologiques impliqués dans ce cancer sont déjà bien décrits mais une partie des patients restent résistants aux traitements déjà développés. Il était donc important de comprendre encore plus en détail ce qu’il se passe dans les cellules cancéreuses. Pour cela nous avons utilisé une technique récente, populaire depuis quelques années, qui consiste à étudier ce qui se passe à l’échelle d’une cellule unique d’un échantillon tumoral de patient. Ceci nous a permis d’identifier des sous-types agressifs de cellules tumorales et de fibroblastes qui participent largement au développement de métastases, à un mauvais prognostique et à une résistance aux thérapies, ouvrant la porte à de nouvelles cibles pour le développement de traitements.

Le 2ème projet se porte sur l’étude d’un cancer du rein rare appelé carcinome rénal à translocation. Mis à part l’identification d’un événement génétique particulier, appelé translocation qui mène à l’expression d’une protéine de fusion anormale mais fonctionnelle supposée être à l’origine du développement de ce cancer, aucun mécanisme précis n’est connu et donc aucun traitement spécifique n’est approuvé. L’objectif de ce 2ème projet était donc de décrire les caractéristiques des cellules cancéreuses et les conséquences de l’événement de translocation en utilisant beaucoup de techniques différentes. Ceci nous a permis de décrire le rôle fonctionnel des protéines de fusion sur le métabolisme spécifique des cellules tumorales et sur la transcription en général. De plus, nous avons également pu montrer l’existence de points communs avec le carcinome rénal à cellules claires.

Vous avez participé à l’édition 2022 de MT180, pourriez-vous nous parler de cette expérience ?

C’était génial ! Les organisateurs, les responsables, les différents cours de vulgarisation et de théâtre, les autres participants, c’était vraiment une super expérience et j’étais très contente d’y participer. Et de pouvoir aller jusqu’à Paris aux demi-finales nationales, c’était vraiment la cerise sur la gâteau ! Par contre, l’exercice a été difficile, je voulais trouver une bonne histoire à raconter, avec des résultats concrets mais j’étais un peu dans une impasse sur le projet sélectionné pour cet exercice, avec des résultats obtenus très différents de ceux qu’on attendait, ce qui était un peu inexplicable donc c’était un vrai challenge mais j’aime les défis. Au final, j’ai pu faire passer, je crois, le message que la recherche passe par beaucoup d’obstacles, de changements de directions et qu’il faut savoir s’adapter, ce qui résume finalement très bien ma thèse !

 

 

Quel est votre meilleur souvenir de doctorat ?

Je pense que les meilleurs souvenirs de mon doctorat ce sont toutes les fois où j’ai pu constater que mon travail avait une forme et une finalité, avec un cheminement logique, un résultat cohérent et, je pense, de qualité. Cette sensation, obtenue pour la publication d’articles, MT180, la présentation de posters à des congrès et surtout pour la rédaction de ma thèse et sa présentation, permet de prendre du recul, de se rendre compte des étapes, des conclusions tirées et de la totalité du travail accompli et ça fait plaisir à constater. C’est aussi à ce moment qu’on peut présenter aux autres ce sur quoi on travaille et qu’on peut échanger notamment avec le reste de la communauté scientifique, ce qui amène souvent à des discussions passionnantes et à des idées de nouvelles pistes à explorer.

Comment envisagez-vous l’après thèse ? Quels sont vos futurs projets ?

Après avoir fait une petite pause et finalisé l’article pour publier l’ensemble de mes résultats de thèse dans une revue scientifique internationale, j’aimerais continuer le travail sur la recherche contre le cancer mais à l’étranger et avec un projet plus appliqué et centré sur le développement de thérapies basées sur le génie génétique et la modification du génome. Étant une grande fan des pays nordiques puisque j’ai déjà fait mes stages d’ingénieure en Norvège et en Islande, j’espère trouver un labo cette fois ci au Danemark ou en Suède.

Le mot de la fin…

Un grand merci à la SBS, à la Fondation et aux donateurs pour ce prix de thèse, j’en suis très honorée. Et aussi merci à tous ceux avec qui j’ai travaillé ces 4 dernières années parce que mes 2 projets de thèse ont impliqué beaucoup de personnes (bio-informaticiens, membres de plateformes techniques de séquençage, imagerie,…, personnels de l’hôpital, etc). Je reste très motivée pour continuer le combat contre le cancer et j’ai hâte de commencer un nouveau projet !

  • Université de Strasbourg
  • Prix de Thèse
  • Société de Biologie de Strasbourg

 

 

 

Copy link
Powered by Social Snap