10-03-2022
Témoignage d’un étudiant-réfugié afghan à Strasbourg

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Grâce au soutien du Fonds de solidarité de l’Université de Strasbourg et des dons collectés par la Fondation pour les étudiants-réfugiés, Mohammad Mahfuz Nikzad, étudiant afghan de 24 ans, a pu intégrer en 2021 le Master 1 Droit international auquel il a candidaté avec succès depuis l’Université d’Hérat en Afghanistan. Son parcours universitaire exemplaire, son apprentissage du français et son exfiltration de l’Afghanistan en août 2021, en pleine reconquête talibane, force l’admiration. Entretien.

Mohammad Mahfuz Nikzad, vous êtes étudiant en Master 1 Droit international à la Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion de l’Université de Strasbourg depuis janvier 2022.

Quel est votre parcours universitaire en Afghanistan ? Pourquoi avoir fait le choix de venir étudier en France ?

J’ai été diplômé en 2019 d’une licence de droit et sciences politiques à l’Université de Hérat en Afghanistan. J’ai commencé à apprendre le français en 2016, moment où j’ai commencé ma licence, car je voulais faire mon master en France. C’est un des meilleurs pays pour apprendre le droit.

De quelle manière s’est déroulé votre parcours jusqu’à Strasbourg ?

J’ai d’abord demandé une bourse du gouvernement français en 2020, pour un master. Mais cette demande a été refusée car, à Hérat, je n’ai pas eu accès à toutes les informations qu’il me fallait pour faire cette demande. Mes professeurs m’avaient expliqué que les afghans ne peuvent demander des admissions qu’à l’Université Lyon III. J’ai donc demandé une admission au Master Droit international de cette université. J’ai été refusé car, pour entrer à Lyon III, j’aurais dû faire une demande pour un DEUF (Diplôme d’Études Universitaires Françaises) et pas un master, ce que je ne savais pas au moment de ma demande.

Suite à ce refus, j’ai décidé de passer le DALF C1 (Diplôme Approfondi de Langue Française). Les universités françaises demandent ce diplôme pour les étudiants étrangers. J’ai été pris au mois de mai 2021 pour passer l’examen à Hérat. Malheureusement, les centres francophones ont été fermés en raison de la présence des talibans. Finalement, j’ai décidé de demander une admission dans d’autres universités en France, sans le DALF. L’Université de Strasbourg m’a alors accepté en Master 1 Droit international.

Comment avez-vous finalement réussi à venir à Strasbourg ?

Lorsque j’ai été accepté à Strasbourg, j’ai essayé d’obtenir un visa d’étude pour la France. Je me suis donc rendu à l’ambassade de France à Kaboul pour essayer d’obtenir ce visa. Je n’avais toujours pas de bourse à ce moment-là. Mais Kaboul aussi fut occupée par les talibans. Je suis donc retourné à Hérat. J’ai alors contacté Andrea Hamann, responsable pédagogique du Master 1 à Strasbourg. Le 14 octobre 2021, l’Université de Strasbourg m’a accordé une bourse d’étude qui s’élève à 10 800€.

Suite à ça, je me suis rendu à l’ambassade d’Iran à Hérat pour essayer d’obtenir un visa iranien, que j’ai obtenu fin octobre. J’ai quitté l’Afghanistan pour Téhéran, le 5 novembre. J’ai pu me rendre à l’ambassade de France en Iran, et j’ai obtenu un visa français. J’étais vraiment très heureux. J’ai quitté l’Iran deux jours après l’obtention de mon visa, à destination du Qatar, puis j’ai pris un avion vers Paris. J’ai donc enfin pu rejoindre Strasbourg.

Avez-vous encore de la famille en Afghanistan ? Quel lien entretenez-vous avec eux ?

Mon frère est actuellement en Allemagne, il travaille dans le secteur associatif. Ma sœur est maintenant Japon et suit un master en ingénierie. Mais le reste de ma famille est toujours à Hérat. Lorsque que je les appelle, ils me disent que tout va bien, mais je ne sais pas s’ils me racontent tout.

Comment se passe vos études aujourd’hui ? Et à quoi vous destinez vous plus tard ?

J’ai commencé mon Master 1 en droit international au deuxième semestre, en janvier 2022. Avant ça, j’ai dû gérer toutes les tâches administratives, à l’aide de Nadia Kardouz. Je voulais aussi améliorer mon français. Le début du master était très difficile, mais mes camarades m’ont beaucoup aidé. Après mon master, que je terminerai en 2024, je souhaiterais faire un doctorat dans le domaine du droit des enfants car, en Afghanistan, ils sont très vulnérables.

Comment se passe la vie en France ?

Actuellement j’habite dans une résidence étudiante. J’ai été logé directement en arrivant à Strasbourg. Je suis content d’être ici. Je suis arrivé il y a trois mois et demi et je commence à bien comprendre la culture française. Aujourd’hui, je me sens très bien.

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