Paul Mandel est né à Lodz (Pologne) le 14 novembre 1908. Après une année universitaire à Varsovie (mathématique), il arrive à Strasbourg en 1928 et y débute ses études de médecine et de sciences.
Interne des hôpitaux en 1933, il se forme en neurologie et en médecine interne et travaille en parallèle à l’Institut de Chimie Biologique de la Faculté de Médecine pour préparer une thèse de sciences qu’il passe en 1941 (Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand). Il est boursier de recherches du tout jeune CNRS de 1938 à 1940. Il reprend de 1940 à 1942 des activités de recherche à Marseille auprès de Maurice Nicloux et Jean Roche. Il rejoint les maquis de la Drome en janvier 1943 et participe en 1944 à la libération de l’Ardèche comme médecin d’une unité des Forces Françaises de l’Intérieur. En 1945, il revient à Strasbourg comme assistant, puis chef de travaux et enfin professeur et directeur de l’Institut de Chimie Biologique en 1954. En parallèle, il est chef d’un service à la Clinique Médicale A (1946-54). Il développe une activité de biochimie clinique au sein des « Laboratoires universitaires » à la Faculté de Médecine qui apportera des moyens complémentaires importants pour la recherche.
Ses recherches dans le domaine des acides nucléiques engagées dès 1947 vont conduire à la création en 1964 de l’Unité 44 Biochimie du Cancer de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui deviendra Unité de neurochimie normale et pathologique et qu’il dirigera jusqu’en 1979.
Il aura de nombreuses responsabilités nationales : Comité National du CNRS, 1950-66 et 1971-79, président de la section de Biochimie en 1971-75, Commissions spécialisées Inserm (1964-68 et 1975-79), président de section au Conseil National des Universités [CNU] (1970-74) et internationales. Il sera élu à l’Académie des Sciences (1982) et à l’Académie Nationale de Médecine (1983).
Les travaux de Paul Mandel sur les neurotransmetteurs inhibiteurs et sur le mécanisme d’action du valproate, un antiépileptique majeur, sur les protéines et lipides de la myéline, et plus généralement sur la biochimie du cerveau en font un pionnier de la neurochimie – il est membre fondateur de l’International Society for Neurochemistry qu’il présidera de 1973 à 1975. Il obtient en 1965 la création du Centre de Neurochimie (actuellement Institut des Neurosciences Cellulaires et Intégratives – INCI) du CNRS, qu’il dirigera jusqu’en 1979 et où il poursuivra des travaux jusqu’à la veille de son décès en 1992.
Les travaux sur le métabolisme des acides nucléiques conduits avec Monique Jacob, Jacques-David Weill et Pierre Chambon mèneront au développement par Pierre Chambon des recherches sur les ARN (acide ribonucléique) polymérases et la transcription, et à la création du Laboratoire de Génétique Moléculaire des Eucaryotes qui deviendra en 1994 l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire-IGBMC. Une découverte inattendue d’une activité enzymatique de synthèse de polyADPRibose (Chambon et al. 1963, 1966) sera le point de départ de recherches poursuivies à Strasbourg par Paul Mandel, puis par le laboratoire de Gilbert de Murcia (UPR 9003 du CNRS) et débouchera sur la mise au point dans les années 2010 par diverses compagnies pharmaceutiques de molécules dites antiPARP à la remarquable activité thérapeutique sur les cancers du sein et de l’ovaire associés à des mutations des gènes BRCA1 ou BRCA2