12-04-2020
Gina Picchiarelli, une chercheuse prometteuse financée par le Fonds Paul Mandel

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Lorsque Gina Picchiarelli débute sa thèse sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA) plus connue sous le nom de maladie de Charcot, considérer les muscles comme acteurs de la pathologie était impensable. Au terme de quatre années de recherche dont une financée par le Fonds Paul Mandel, la jeune chercheuse de l’unité de recherche 1118 sur les mécanismes centraux et périphériques de la neuro-dégénérescence est parvenue à prouver le contraire.

Un article paru initialement sur la plateforme d’actualité de la recherche à l’Université de Strasbourg : http://www.recherche.unistra.fr/index.php?id=30178&L=3

Gina Picchiarelli s’est intéressée à la mutation la plus sévère impliquée dans la maladie de Charcot.

Rien ne prédestinait Gina Picchiarelli à faire de la recherche. « Je voulais faire des études courtes, j’avais commencé par un DUT en génie biologique option industries alimentaires et biologiques », raconte la jeune femme qui suite à un stage sur le diabète décide de poursuivre dans le domaine de la santé. Durant son master le destin s’en mêle à nouveau. « Des personnes du laboratoire sont venues présenter la maladie de Charcot. » Un sujet qui ne l’a plus quittée.

« Je suis impressionnée par l’évolution de ces maladies neurologiques et neuromusculaires. Pour les patients touchés c’est tragique avec une dégradation très rapide », confie Gina Picchiarelli pour qui s’attaquer à cette pathologie rare qui touche 6 personnes sur 100 000 par an et pour laquelle il n’existe aucun traitement curatif représentait un véritable challenge.  « L’évolution de la maladie est particulièrement difficile à prédire. Il est donc important et primordial de bien comprendre la pathologie pour proposer un traitement curatif. »

Une espérance de vie de 6 mois à deux ans

Rendue célèbre par Stéphane Hawking, la SLA se traduit par la mort des neurones moteurs qui mène à une paralysie progressive ainsi que le décès du patient en quelques années après le déclenchement des symptômes. Les formes de SLA héréditaires sont causées par des mutations dans plusieurs gènes. Gina Picchiarelli s’est intéressée à la mutation la plus sévère. Appelée FUS, elle touche 5% des patients malades. « On la retrouve généralement chez des personnes âgées entre 15 et 30 ans qui ont une espérance de vie de 6 mois à deux ans après le diagnostic. »

Durant ses recherches, Gina Picchiarelli remarque que cette mutation impliquée dans certains cancers ou encore les démences fronto-temporales peut aussi être liée à des pathologies musculaires. « Jusqu’à présent les traitements prodigués dans la maladie de Charcot ciblaient les neurones moteurs au niveau du système central permettant de soigner les symptômes mais pas l’ensemble de la maladie. » La théorie du laboratoire ? Le muscle lui-même pourrait être un acteur de la pathologie. Une théorie controversée lorsque Gina Picchiarelli commence sa thèse en 2014.

Des tissus de patients atteints de la mutation FUS

« Personne n’y croyait. Le but de ma thèse était de voir si la mutation FUS pouvait être présente au sein même du muscle et si elle pouvait avoir un rôle pathologique. Ce qui pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique. » Après trois années de recherche, sa quatrième année de thèse, financée par le Fonds Mandel, lui permet de passer à l’application avec des tests sur des modèles cellulaires mais aussi des souris. « Nous avons également bénéficié de tissus de patients atteints de cette mutation grâce à une collaboration avec un laboratoire d’Ulm en Allemagne. »

La chercheuse qui a soutenu sa thèse en septembre 2018 a pu ainsi déterminer que FUS était présent dans les neurones moteurs mais aussi les muscles notamment à la jonction neuromusculaire. « La suite de la recherche consistera à regarder si lorsque l’on soigne l’atteinte au niveau de la jonction neuromusculaire cela permet de sauver les neurones moteurs au niveau central. » Un sujet qui fera l’objet d’une nouvelle thèse.

Gina Picchiarelli, elle, poursuit ses recherches en post-doctorat plus précisément sur la jonction neuromusculaire. Les résultats de sa thèse devraient prochainement faire l’objet d’une publication dans Nature neuroscience, une belle reconnaissance pour la jeune femme.

Marion Riegert

  • Université de Strasbourg
  • Fonds Paul Mandel
  • Institut des neurosciences cellulaires et intégratives

 

 

 

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