Le site archéologique du Brotschberg (Haegen, Bas-Rhin) est localisé en Alsace, dans le nord des Vosges, au sein d’un magnifique cadre naturel. L’éperon rocheux, situé en lisière du massif, offre un panorama exceptionnel sur le corridor rhénan. Le site connu depuis les années 1950 a été redécouvert il y a quelques années grâce à nos investigations de terrain.
Le Brotschberg constitue l‘extrémité sud d’une crête qui domine deux axes de passages naturels à travers les Vosges : le pas de Saverne et la vallée de la Zorn. Dès les années 1950, J.-P. Wiedenhoff y mentionne la découverte d’une pointe de flèche en silex, du Néolithique, et de mobilier céramique des âges du Bronze et du Fer. Le site retombe ensuite dans l’oubli jusqu’aux années 1980, où des travaux d’aménagement sommitaux mettent au jour quelques fragments de vases qui seront identifiés pendant la décennie suivante. Il faudra attendre les années 2010, où des opérations seront menées sur le Brotschberg par S. Gentner et M. Walter (Université de Strasbourg), en 2014, 2017-2018, 2020 et 2021. La première tranche de fouilles du versant Est, a été menée au printemps 2022. Cette fouille de grande envergure (263 m2), installée dans un espace déboisé à la suite de la prolifération d’insectes xylophages du pin (scolytes), a permis de mettre au jour plusieurs structures, notamment un trou de poteau dont la pièce de bois imposante possédait un diamètre de 33 cm pour une profondeur conservée de 60 cm et qui est sans doute lié à la présence d’un bâtiment. Enfin, la dernière opération en date, menée en 2023, a mis en lumière plusieurs vestiges : deux fosses, un autre trou de poteau, une rigole de drainage et surtout une carrière d’extraction de meules rotatives protohistoriques.
Les plateaux sommitaux de près de 31 hectares au total sont fortifiés à l’est par un rempart dit « de barrage » long de 800 m. Celui-ci est bordé ça et là par d’autres sections de fortifications mais qui n’ont pas encore pu être caractérisées par les recherches passées. Pour l’heure, c’est le matériel archéologique, mis au jour dans les versants en 2017, pendant les premières fouilles en 2018, durant l’année 2020 et plus récemment en 2022 et 2023, qui permet de dater l’occupation de ce site. Il s’agit surtout de fragments de poteries qui datent des âges du Bronze et du Fer mais aussi du Néolithique récent ; dès 4400 à 3500 av. J.-C., puis particulièrement entre 1350 av. J.-C. et 530 av. J.-C. environ. Soit une période de fonctionnement potentielle de 1725 années, dès le IVe millénaire (!), tout en ayant à l’esprit que ces phases d’activité ne sont pas continues et donc entrecoupées par des périodes d’abandon du site. Le pic d’occupation, indiqué par la majeure partie du matériel archéologique, est situé au milieu de la période dite du Bronze final, entre 1100 et 875 av. J.-C. A cette époque, le Brotschberg a pu ressembler à un grand village, défendu par une fortification, ou plutôt a une petite ville (de 31 hectares ; soit l’équivalent de 31 stades de football !). Pendant cette période très localisée, les céramiques (les vases) appartiennent à une culture matérielle nommée RSFO : Rhin-Suisse-France Orientale, car étendue de la vallée du Rhin, à la Suisse et à la France Orientale à cette époque. Les opérations menées en 2017 et 2023 ont aussi permis de mettre au jour deux petites perles en verre importées d’Italie du Nord pendant la fin de l’âge du Bronze, ou encore une enclume en grès, des outils en galets et des fragments de meules, qui attestent la présence d’activités artisanales sur le site.
Ainsi, ce site fortifié constitue pour l’heure l’indice d’occupation le plus ancien de la zone du pas de Saverne. Il s’agit d’un site de hauteur assez unique pour l’Alsace du nord. Si le pas de Saverne est déjà connu par les fortifications protohistoriques des oppida gaulois (à Saverne et à Ernolsheim-lès-Saverne), l’occupation du Brotschberg est plus ancienne de près de 900 ans par rapport à ceux-ci. Seule la hauteur du Hohlandsbourg à Wintzenheim (département du Haut-Rhin) a pour l’instant montré une occupation contemporaine et comparable en densité à celle du Brotschberg. D’autres traces d’occupation datées de cette période, située entre 1100 et 875 av. J.-C., sont connues par exemple sur le plateau du Mont Sainte Odile à Ottrott (Bas-Rhin), mais dans une moindre mesure.
Une nouvelle fouille archéologique de grande envergure est prévue sur le versant Est du site, afin de poursuivre la caractérisation des vestiges archéologiques de cette zone au passé riche et important, non seulement d’un point de vue local mais aussi régional. Mais une fouille de ce type demande des moyens importants : pelle mécanique, location de véhicules de chantier, hébergement pour vingt bénévoles pendant un mois… C’est pourquoi nous faisons appel à vous, d’autant plus que les subventions disponibles pour l’archéologie auprès du Ministère de la Culture ne suffisent plus pour subvenir aux demandes des fouilles programmées. Grâce à votre aide, nous pourrons finaliser les tranchées de fouille entreprises en 2023 et réaliser une extension importante au printemps 2024. En tout et pour tout, près de 650 m2 ont à présent été fouillés (campagnes 2018, 2022 et 2023), mais ceux-ci représentent une surface connue dérisoire au vu de la superficie de ce site, de 31 hectares… Ce chantier permettra aussi aux étudiants en archéologie d’acquérir une expérience pratique, indispensable pour leur cursus, dans le cadre d’un stage de terrain. Vous avez donc l’opportunité de soutenir la formation des futurs archéologues, tout en nous aidant à révéler les secrets du site du Brotschberg !
Vos dons participeront à :
Vous l’avez vu, les moyens et investissements nécessaires sont conséquents pour développer les connaissances de ce site important pour les recherches archéologiques sur l’âge du Bronze. Votre aide est fondamentale pour la tenue de ce projet ! Participez à une aventure archéologique exceptionnelle !
Merci à toutes et tous !
Steeve Gentner (chercheur associé à l’UMR 7044 – Archimède du CNRS)
Ce jeune chercheur est Docteur en Sciences de l’Antiquité – Archéologie, céramologue spécialiste de la Protohistoire rhénane et plus largement de l’Europe centrale.
L’opération est portée en collaboration avec la Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et Environs (SHASE) et l’UMR 7044 du CNRS, dans le cadre d’un axe de recherche pluridisciplinaire consacré aux « Enceintes fortifiées de hauteur » et d’un Projet Collectif de Recherche (PCR) nommé « Formes et fonctions des fortifications de hauteur dans le nord du massif vosgien entre Protohistoire et Moyen Âge ». Depuis 2016, nous avons pu sonder 5 sites de hauteur et en prospecter 19 au total, dans le cadre de ces projets à long terme.
Bien entendu, ces campagnes de recherche et les travaux liés (fouille, post-fouille, etc.) reposent grandement sur la participation et l’expertise bénévole d’un groupe fort d’une quinzaine de chercheurs aguerris issus de divers milieux professionnel, préventif, universitaire et académique.
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