Mission archéologique dans le Sud irakien

Des marais au « Susuka » – Enquête archéologique sur la région d’un fleuve disparu (Sud irakien, VI^e à I^er millénaire avant J.-C.)

Depuis le printemps 2025, une équipe de l’Université de Strasbourg mène un projet archéologique dans le Sud irakien dans le cadre d’AMMSA (Archaeological Mission in the Maziyyad-Sylaybiyya Area). Son but est de restituer l’histoire d’une région méconnue où coulait un bras de l’Euphrate dont le nom était peut-être le Susuka.

L’économie de la région reposait sur ce cours d’eau. Il alimentait un réseau de canaux. Il fit l’objet d’aménagements au II^e millénaire avant J.-C. : un quai (dont la fouille a commencé), peut-être un port (fouille projetée au printemps 2026). Il passait par le site de Tell Dehayla, sans doute capitale de la 1^re Dynastie du Pays de la Mer (milieu du II^e millénaire avant J.-C.), puis aux abords de Tell Abu Shahrayn, ancienne et mythique Eridu, siège du dieu des eaux douces Enki au moins à partir du III^e millénaire avant J.-C., et au pieds des sites de Qaber Maziyyad et Tell Sulaybiyya, habités au II^e millénaire avant J.-C. La fouille de Qaber Maziyyad par l’équipe de Strasbourg est en préparation.

L’équipe réunie sur le terrain pour la pause du petit déjeuner. Photo Claire Rambeau. ©AMMSA

Le projet est dirigé par un expert de la Mésopotamie ancienne, Philippe Quenet, professeur de l’université de Strasbourg et membre de l’équipe Archimède du CNRS, l’UMR 7044. Il sert de chantier école pour les étudiant·es avancé·es, en master et doctorat, en archéologie du Proche-Orient ancien. Il est le lieu de rencontre de divers spécialistes : en archéologie, en études de la céramique et du paléo-environnement, en géomagnétisme et en photogrammétrie.

Il est soutenu par la Commission des fouilles du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ainsi que par l’UMR 7044, mais ces financements restent insuffisants pour mettre en oeuvre les missions des printemps 2026 et 2027.

Dater le cours du Susuka, remonter à l’époque où des marais couvraient la zone, retracer les étapes de l’occupation humaine dans ces étendues aujourd’hui désertes compte parmi les objectifs poursuivis. Ce projet recherche donc ses mécènes pour donner au programme de recherche l’envergure qu’il mérite.

Carte de la zone étudiée, encadrée en rouge, avec le cours supposé du « Susuka », en bleu clair. SIG de la mission. ©AMMSA